
Suite de la mini-série du FC Mordelles dédiée aux arbitres officiels. Entretien avec Louis Le Gallet-Pottier, jeune arbitre prometteur du club.
Après la famille Blivet, c’est au tour de Louis Le Gallet-Pottier de se livrer sur son rôle en tant qu’arbitre officiel au sein du FC Mordelles.
Louis tu es notre plus jeune arbitre, je te laisse te présenter.
“Je suis né en 2005. Je suis en terminale à Bréquigny en section arbitrage. C’est ma cinquième saison d’arbitrage. J’ai commencé à 13 ans, dès que c’était possible.”
L’abitrage depuis petit
Pourquoi être devenu arbitre si jeune ?
“J’ai une aventure sportive un peu particulière. J’ai commencé au handball. J’en ai fait beaucoup. Ensuite je me suis mis au foot mais ce n’était pas le top. Puis j’ai vu qu’on pouvait devenir arbitre et ça m’a intéressé. Donc je suis allé au bout en faisant la formation. J’ai commencé et ça m’a plu tout de suite. Dans la formation on était 2 à avoir 13 ans.”

Combien de matchs à ton actif et quel statut as-tu aujourd’hui ?
“J’ai commencé par deux saisons d’arbitre-joueur, ce qui divise la saison en deux. Une fois les deux ans il faut choisir entre devenir arbitre ou rester joueur. Ensuite avec les saisons Covid je ne saurais pas trop te dire mais c’est plus d’une cinquantaine de matchs. Je suis encore considéré comme un jeune arbitre pour pas mal d’années encore. On commence en « très jeune » arbitre à 13 ans puis on évolue.”
À quel niveau peux-tu arbitrer officiellement ?
“Je suis en R1 jeunes. J’arbitre la R1-R2 en U18 cette année. Mais je peux aussi aller en R1 chez les plus jeunes ou alors faire la touche en U17 National ou U19 National que j’ai déjà fait. Je n’ai jamais arbitré de femmes au centre, seulement en U19 National à la touche. Mais avec la section on a des matchs le mercredi après-midi et on arbitre de manière non-officielle la section foot féminine de Bréquigny.”
La difficulté du métier
Qu’est ce que tu aimes en tant qu’arbitre officiel ?
“Ce sont des sensations. Ça reste du sport à la base, tu cours comme tout le monde. J’aime aussi la prise de responsabilité. J’aime prendre des décisions et calmer le jeu quand il faut parfois ou alors être plus diplomate avec certains quand il le faut. Mais il faut savoir également que sur certains matchs il peut exister un sentiment d’isolement qui ne peut pas plaire à tout le monde. Il faut aimer travailler seul dans ses décisions. Moi ça me réussi plutôt bien donc tant mieux. J’aime aussi les matchs tendus. Notre caractère est mis à rude épreuve. Avant j’étais plutôt timide et réservé mais maintenant c’est de moins en moins le cas.”
Ton point faible si tu en as un ?
“Ça m’arrive d’avoir des soucis de bégaiement devant les joueurs ou les coach. Disons que les idées viennent mais les mots s’emmêlent. C’est un problème que j’aimerais vite régler.”
Est-ce difficile d’êtêre arbitre officiel ?
“Oui globalement oui. On a beaucoup de responsabilités et il faut aimer ça. On voit aussi depuis plusieurs années un regain de contestations. Ce sont des choses qui reviennent et on entend aussi beaucoup d’histoires d’arbitres à côté qui se font agresser dans certains endroits. Ce n’est pas très rassurant. Après on a la chance d’avoir beaucoup de clubs autour de Rennes que l’on connaît et donc on n’y va pas la boule au ventre, on sait à quoi s’attendre là-bas.”
Quels sont les matchs que tu préfères ?
“Au départ je suis quelqu’un qui aime bien les matchs tranquille mais j’ai vécu des matchs compliqués surtout l’année dernière et ça m’avait bien plu en y repensant. Une bonne alternance je pense que c’est pas mal. Les matchs tranquilles tu n’apprends rien alors que les matchs compliqués tu sors du terrain éprouvé mentalement mais c’est très enrichissant.”

Quelles sont d’après toi les qualités principales que doit avoir un arbitre ?
“Il faut déjà être bon physiquement. Ensuite il faut travailler un peu théoriquement à côté, ce n’est pas que du terrain. Après en terme de caractère, je pense que si tu commences dès 13 ans, quelque soit son caractère, tu peux évoluer et devenir de moins en moins timide. Je pense aussi qu’il faut savoir ne pas tout prendre au sérieux.”
Ton style d’arbitrage ?
“Moi je suis ouvert à la discussion à partir du moment où ça ne déraille pas. Il y a une caractéristique qui joue beaucoup. C’est qu’au début du match, certains arbitres vont réunir les deux capitaines et leur parler. Moi je ne suis pas du tout dans cette logique là et je me dis que les capitaines ils sont là pour jouer et réussir leur match avant tout. Après dans le jeu, je sais ce qu’il faut siffler ou non. Je mets peu de cartons par rapport à d’autres. Je me pose la question de savoir si je devrais en mettre plus mais dans la gestion des matchs ça m’aide à gérer.”
Arbitrage professionnel
Qu’est ce qu’un bon arbitre ?
“Tout dépend de la physionomie du match. Par exemple sur l’arbitre de la finale de la coupe du monde je n’ai pas trouvé grand chose à redire. Faut aussi se mettre dans la tête que c’est le match de sa vie, comme pour les joueurs. Et c’est normal qu’il y ait des petites erreurs sur le fait de ne pas laisser l’avantage mais il le sait et c’est aussi lié à la pression. C’est vrai qu’on dit qu’un bon arbitre c’est un arbitre discret mais c’est peut-être un peu dommage d’avoir cette philosophie là parce que ça ne met pas en avant l’arbitre. On ne les mets en avant que lorsqu’ils sont nuls et c’est un peu dommage. Les supporters tapent sur l’arbitre avant de taper sur leurs propres joueurs qui ne sont parfois pas plus inspirés pendant les matchs.”
Penalty sur Di Maria en finale de Coupe du Monde selon toi ?
“Pour moi c’est sévère mais il y a penalty. Faut aussi se mettre en tête que c’est à la VAR d’analyser mais tous les arbitres du monde sifflent penalty. Parce qu’un joueur qui arrive par derrière trop proche du joueur, même s’il ne voit pas le contact, l’abitre siffle penalty. Ici Di Maria joue bien le coup mais pour moi il y a un petit contact et Dembélé n’a pas à être là. Ce n’est pas un scandale de l’avoir sifflé.”
Pourquoi la VAR n’est pas intervenue ?
“La VAR intervient sauf en cas d’interprétation de l’arbitre car c’est la seule différence qui peut exister entre les arbitres sur le terrain et ceux dans le camion. Ici l’arbitre a interprété et celui sur le terrain aura toujours un préavis sur ceux qui ne le sont pas.”
Quelles actions mettrais-tu en place pour sensibiliser nos licenciés à l’arbitrage ?
“Je pense qu’il faudrait que bénévolement des joueurs du club arbitrent des plus jeunes pour se rendre compte parfois de la difficulté du métier. Chez les petits, les remplaçants font la touche et je trouve cela très bien. Mais c’est en faisant que l’on comprend certaines choses.”
Quels sont tes objectifs, ton rêve au niveau de l’arbitrage ?
“L’objectif c’est évidemment d’arbitrer le plus haut possible. Maintenant je ferai passer mes études avant parce que si dans le sport ça ne fonctionne pas, je n’ai pas envie de me retrouver sans rien. De manière générale les arbitres professionnels aujourd’hui ont fait des études ou bien travaillent en parallèle et je trouve ça important. J’aimerais tenter les concours Sciences-Po à la fin de la saison et ensuite on verra au niveau de l’arbitrage comment ça se passe.”

