Fin de la mini-série dédiée aux arbitres du FC Mordelles. Entretien avec Florian Guerry, le plus expérimenté des arbitres rouge et noir.
Après avoir présenté la famille Blivet et Louis Le Gallet-Pottier, entretien avec le plus expérimenté des arbitres du FC Mordelles : Florian Guerry.
Je te laisse te présenter.
“J’ai eu 30 ans cette année. Je travaille à la stérilisation de Pontchaillou. J’ai eu une période pendant laquelle j’étais arbitre jeune de 16 à 18 ans. J’avais repris bénévolement pour faire la touche pendant pas longtemps. Puis j’ai repassé mon examen en 2019 avant de reprendre en seniors à ce moment-là. Avec le Covid je n’ai pas fait beaucoup de saisons pleines ces derniers temps. C’est vraiment depuis la saison dernière que j’ai des matchs tout le temps.”
Combien de matchs à ton actif ?
“Je pense que j’ai bien 140 matchs à mon actif. En jeunes j’ai dû faire 4 saisons à plus de 20 matchs et l’an passé j’en ai arbitré 28. Si on ajoute à ça les matchs de cette saison j’arrive à 140 facile. J’arbitre en D1 actuellement. Je devais passer l’examen de ligue mais je n’ai pas pu le passer malheureusement. Je suis pas mal occupé donc ce n’est pas évident de dégager du temps pour les examens le dimanche matin.”
Arbitres-tu des féminines ?
“J’ai arbitré des féminines. Quand j’avais repris j’ai arbitré un match de Coupe de France et de la R2 féminine. Je suis censé pouvoir arbitrer en R1F mais le problème c’est qu’il n’y a qu’une poule et Mordelles est dedans. Alors évidemment je n’ai pas le droit d’exercer quand le club figure dans la poule que j’arbitre.”
Qualités et difficultés
Pourquoi être devenu arbitre ?
“J’aime bien prendre des décisions importantes. L’arbitre est aussi un élément central du match donc le fait d’avoir de l’importance ça me plaît. Ça me plaisait déjà avant et tu le sens dès ton premier coup de sifflet si tu vas continuer dans cette voie ou pas. J’ai commencé une saison où l’on avait plus tellement de jeunes dans le club et donc j’ai passé mon examen dans la foulée. Quand on regarde un match, je regarde les joueurs mais parfois j’aime aussi regarder ce que fait l’arbitre. J’ai un regard différent sur le football je pense.”
Le FC Mordelles.
“On voit beaucoup de clubs qui ont du mal à fidéliser leurs arbitres officiels. Certains au bout de six mois arrêtent. Nous on a cette chance au FC Mordelles d’avoir des arbitres qui restent.”
Comment tu juges la difficulté d’être arbitre ?
“C’est difficile si tu es influençable. Parfois tu vas faire quelque chose et cinq secondes après tu vas te rendre compte que c’est nul mais tu as pris ta décision, le jeu a repris et il faut vite passer à autre chose. Il faut quand même avoir « une paire de couille ». Dans le foot il y a tellement de vice que si tu n’es pas assez intelligent pour le voir, c’est compliqué derrière.”
La gestion des moments chauds.
“Puis il faut également savoir être sourd auprès du public. On se fait régulièrement insulté et là-dessus ça peut être pénible. Quand tu démarres c’est dur. Quand j’avais 18 ans j’avais envie de démarrer au quart de tour quand j’entendais quelque chose. Maintenant, c’est limite si je m’en fous.”
Les qualités pour être un bon arbitre selon toi ?
“La ponctualité, la politesse, la bienveillance, bien s’exprimer et ne pas manquer de respect aux gens. On n’a pas envie que les gens nous manquent de respect donc ça commence aussi en premier lieu par ça. Mais surtout, on ne peut pas être arrogant parce que ça nous fusil des matchs parfois. Il faut essayer d’être le plus naturel possible. Il faut savoir être ferme et autoritaire mais aussi prendre soin des joueurs parce que la sécurité c’est très important.”
Responsabilités
Tu disais être devenu papa. Tes enfants viennent-ils te voir comme on viendrait voir un joueur de foot ?
“C’est compliqué de dire à mon garçon qu’il ne peut pas venir me voir parce qu’il va entendre des trucs. Il y a certains endroits, je lui dis de ne pas venir me voir… Mais globalement on a de la chance en Ille-Et-Vilaine par rapport aux violences envers les arbitres.”
Conseillerais-tu de devenir arbitre ?
“Quand tu aimes le foot et que tu as envie d’apprendre les lois du jeu, c’est hyper intéressant. Ça permet aussi de devenir responsable et de t’ouvrir aux autres. C’est plus facile ensuite pour démarrer dans la vie. Tu gagnes vachement en maturité.”
Peut-on vivre de l’arbitrage ?
“Parfois quand tu es jeune tu as envie de te faire de l’argent et c’est une bonne motivation parce que ça reste une activité physique. Mais par contre tu ne peux pas faire ça que pour l’argent parce que tu ne tiens pas dans le temps. Mais ça peut être un plus. Tu deviens autonome plus rapidement. Il y a le côté sportif parce qu’on aime ça et puis ça c’est aussi la petite récompense.”
Ton meilleur souvenir d’arbitre officiel ?
“Celui que j’ai préféré c’est le fait d’avoir arbitré le match des anciens entre Rennes et Nantes pour l’inauguration du terrain synthétique à Mordelles. Il y avait quand même des sacrés joueurs avec Locko, Pagis, Sylvestre… c’était vraiment super cool !”
Ton objectif pour la suite, ton rêve en tant qu’arbitre ?
“L’objectif ce serait d’arbitrer une finale de coupe. L’an dernier j’ai fait la demie sur la touche en Coupe Conseil entre Guipry-Messac et Tinténiac. Il y avait du monde, environ 800-900 personnes donc l’objectif maintenant ce serait d’aller à l’étape d’après.”
